Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

98
poésies.


« Il manque à ma couronne une cité splendide,
« Qui, subissant des Turcs la puissance stupide,
« Implore mon secours d’un regard suppliant ;
« Ville de souvenirs, qui sut ravir à Rome
« Le trône des Césars, et que l’univers nomme
« Reine de l’Orient.

« Je veux par un exploit digne de Catherine,
« Des fils de Mahomet achevant la ruine,
« Renverser le Croissant pour arborer la Croix.
« Et, malgré l’Occident et toute sa puissance,
« Mon étendard vainqueur flottera sur Byzance
« Asservie à mes lois.

« Que peuvent contre moi, dans leur vaine colère,
« Les soldats de la France et l’or de l’Angleterre ?
« Ne puis-je pas semer la terreur et la mort
« Au sein des nations ? Et contre leurs attaques
« N’ai-je pas mes Tartars, n’ai-je pas mes Cosaques
« Et mes glaces du Nord ?

« Ces rois de l’Occident ignorent donc l’histoire ?
« Dans les murs de Paris, conduits par la victoire,
« Les Russes n’ont-ils pas déjà dicté leurs lois ?
« Ce qu’ils ont fait deux fois, ils le feront encore,
« Aux marais du Danube, aux rives de Bosphore,
« Vainqueurs comme autrefois.

« À moi, soldats du Don ! Venez, je vous convie
« Aux sauvages plaisirs d’une sanglante orgie.