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Page:Crémieux et Halévy, Le Pont des soupirs - 1868.djvu/64

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La porte de droite s’ouvre et paraît Magnifico. — Air nonchalant, efféminé et épuisé.
[1] Magnifico.

C’est moi, ne faites pas attention…

Le chef des Dix.

Toujours en retard, seigneur Magnifico.

Magnifico.

J’ai vingt ans.

Le chef des Dix.

Ce n’est pas une raison.

Magnifico.

Et puis, c’était fête au Lido, hier soir…

Le chef des Dix.

À la bonne heure… placez-vous vite… La séance est commencée depuis un grand quart d’heure.

[2] Magnifico, s’asseyant à la gauche du chef des Dix.

Oh ! dans une minute je serai au courant.

Le chef des Dix, reprenant son discours.

Je disais donc… Le siège de Candie qui n’en finit pas, un doge à élire, puisque le nôtre ne vaut plus rien, et enfin !… (Il s’arrête et regarde Magnifico qui déjà dort profondément.) En effet, le voilà au courant… Merveilleuse organisation ! (Reprenant.) Et enfin… (Les ronflements de tous les conseillers couvrent la voix de l’orateur.) Et dire que c’est tous les jours la même chose… (Il agite une sonnette fêlée, puis, voyant que ça ne produit aucun effet, il prend sous la table une grosse crécelle qu’il fait sonner.) Heureusement l’austère Fabiano Malatromba n’est pas là !… Ah ! j’ai un moyen de réveiller l’attention de ces nobles pères de la patrie… Messieurs, c’est demain que commence le carnaval.

  1. Gibetto, Chef des Dix, Paillumido, Magnifico.
  2. Gibetto, Chef des Dix, Magnifico, Paillumido.