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Le chant s’éloigne et s’éteint peu à peu. — On voit paraître à l’ouverture du parapet la tête de Baptiste, puis celle de Cornarino. — Baptiste a un large bandeau sur l’œil droit ; Cornarino en a un sur l’œil gauche.

Baptiste.

Nous voici de retour dans Venise la belle,
  Mais dans quel état tous les deux !

Cornarino.

    Mon épouse fidèle
    Nous reconnaîtra-t-elle !
  Avec ce bandeau sur les yeux ?

Baptiste.

  Essayons à mi-voix
La barcarole d’autrefois !…

Cornarino et Baptiste vont décrocher deux des guitares suspendues à la muraille du palais Cornarino, reviennent en scène et chantent en s’accompagnant.

[1] Cornarino.

Dans Venise la belle
  Que cherchons-nous ?

Baptiste.

Une épouse fidèle
  À son époux !

Ensemble.

  Tra la la la la,
Dans Venise la belle !

Cornarino.

Ô mon fidèle Baptiste,
C’est une chose bien triste,
Pour un doge de mon rang,
De rentrer dans sa patrie,
Près de sa femme chérie,
Sous l’habit d’un mendiant.

  1. Cornarino, Baptiste.