Page:Crémieux et Halévy - La Chanson de Fortunio, 1868.djvu/36

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VALENTIN, montrant la casserole.

Qu’est-ce que c’est que ça ?

FRIQUET.

Ça ? C’est tout ce que j’ai pu obtenir de Babet, en usant du fameux talisman que nous croyions avoir découvert !… Cinq fois de suite, j’ai entonné avec tout ce que j’ai pu trouver de larmes dans ma voix le fameux chant d’amour du patron… Bernique ! c’était comme si je chantais… Enfin, à la sixième reprise, Babet, l’œil en feu, se retourne vers moi, je la crois électrisée ; elle prend cette casserolle qui chantait sur le feu, — nous chantions tous les deux !… — et elle me la plante sur la tête en me disant : « Je m’en moque pas mal du nom de celle que vous aimez ! allez donc faire vos confidences ailleurs !… »

VALENTIN.

Comment mais cela est impossible, Friquet ! Le talisman ?… le talisman ?

FRIQUET.

Valentin, je le crois éventé !

VALENTIN.

C’est égal, je veux avoir du courage !… je veux me déclarer.

FRIQUET.

Y songes-tu ?

VALENTIN.

Si c’est un talisman, je le verrai bien !

FRIQUET.

Dame, essaye à ton tour, mais que comptes-tu faire ?

VALENTIN.

Il faut que je reste seul ici avec madame Laurette. Friquet, tu vas éloigner le patron.

FRIQUET.

Et par quel moyen ? bon Dieu !

VALENTIN, pleurant.

Cela te regarde ; mais il le faut, mon bon Friquet, mon cher Friquet, mon petit Friquet.