C’est tout.
Ah ! c’est bien, on va servir monsieur. (Il va à un bahut et rapporte à La Ragotinière du pain du sel et de l’eau. Il le sert à une petite table, placée à une extrémité du théâtre. La grande table des comédiens est de l’autre côté.)
Il est singulier que ce régime-là ne l’ait pas fait maigrir.
Quels sont ces gens-là ?
Des comédiens de campagne de passage au Mans.
Ah ! merci. (A part.) Elle ne peut être parmi eux. Une fille qui a trois cent dix-neuf quartiers de noblesse n’irait pas se commettre avec des comédiens de campagne.
Je voudrais bien entrer en relations avec ce petit original-là ; sa dînette m’encourage.
Elle ne peut être parmi eux ; mais ils ont pu la rencontrer. Il faut que je les fasse causer. (Son regard rencontre celui de la Rancune ; celui-ci se lève et le salue de sa place. — La Ragotinière lui rend son salut, puis tous deux se rassoient.)
Monsieur m’a fait l’honneur de m’appeler ?
Moi, monsieur ? je n’appelle plus ; j’ai appelé, mais je n’appelle plus.
Ah ! (Il se rassied, puis se relève.) Monsieur, cette fois, m’a regardé ?…
Nullement, monsieur ; jadis, j’ai regardé, mais je ne regarde plus ; seulement, je ne peux empêcher mon œil navré d’errer machinalement de côté et d’autre.
C’est une affaire entre lui et vous. (A part.) Ça ne mord pas, ça ne mord pas !
Monsieur ne parait pas voyager pour son plaisir ?
Non. (Tous les comédiens et les comédiennes se lèvent un à un, et s’approchent de La Ragotinière.)