Page:Crémieux et Halévy - Le Roman comique, 1862.djvu/36

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DESTIN, bas.

Silence !

LA RAGOTINIÈRE.

Vous n’avez donc jamais vu de tableaux ? Une fille enlevée, cela se reconnaît facilement. Elle doit se débattre entre les mains de son ravisseur et s’écrier… Laissez-moi, misérable, laissez-moi ! Je suis fiancée à un noble marquis.

TOUS, saluant.

Marquis ?

LA RANCUNE.

Ah ! vous êtes marquis ?

LA RAGOTINIÈRE.

Oui.

LA CAVERNE.

Et riche ?

LA RAGOTINIÈRE.

Ississime !… Oui… mais qu’importe ?

TOUS, saluant plus bas.

Ississime !

LA RANCUNE, bas à son voisin.

Comment, ce qu’il importe ? Mais ce bonhomme-là me fait l’effet d’une jolie ferme à exploiter. Et puis, ce que je trouve en lui de plus étonnant, ce sont ses bottes ; elles m’éblouissent… quelles bottes !

LA RESSOURCE.

Eh bien, monsieur le marquis, c’est votre bonne fortune qui vous a conduit parmi nous. Seul, avec cette mine ténébreuse, jamais vous ne pourrez retrouver celle que vous cherchez, on se défiera de vous.

LA RANCUNE.

Tandis que si vous vous mêlez à notre troupe…

L’ÉTOILE, à part.

Oh ! mon Dieu !

DESTIN, à part.

Que va-t-il lui proposer ?

LA RESSOURCE.

Sous le costume et les allures d’un comédien de campagne, on trouve toutes les portes ouvertes… et, avec notre aide, vous pourrez peut-être, avant huit jours, conduire à votre château votre noble fiancée !

TOUS.

C’est évident ! c’est évident !

LA RAGOTINIÈRE, ébranlé.

Vous me rendez le courage.

DESTIN, à part.

Ciel ! il va accepter !