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LA BAGUENAUDIÈRE, à part.

Qu’est-ce qu’elle dit, qu’est-ce qu’elle dit ?

LE GRAND GOBELETIER.

Charmante, charmante !… et affectueuse !

LA BAGUENAUDIÈRE.

Oui, pauvre enfant ! elle est bien émue !

LE GRAND GOBELETIER.

Cela estoit fort naturel. Ma chère damoiselle, je m’esbats et me gaudis de restrouver en une si forte personne l’enfant que j’eus la liesse de tenir sur les fonds baptismaux.

LA CAVERNE.

Ah ! vous êtes mon parrain ?… Bonjour, mon parrain ! (Elle l’embrasse.) Ah ! que c’est donc bon de trouver tous ses parents comme ça… en un jour, après une si longue séparation !

LE GRAND GOBELETIER.

En effet, il y a de cela quelques lustres !

LA CAVERNE.

Oh ! je vous conterai tout cela !

LA BAGUENAUDIÈRE.

Hum ! hum ! (A part.) Que diantre a bien pu lui dire cet imbécile pour qu’elle fasse toutes ces phrases-là ?

M. DE SANTARAC, au grand gobeletier.

Charmante ! Mais, ne la trouvez-vous pas un peu mûre ?

LE GRAND GOBELETIER.

C’est l’esmotion, mon cher Santarac. Les grandes esmotions altèrent les traits, désorganisent le système intérieur, souventes fois même elles nous vieillissent.

M. DE SANTARAC.

Mais, le futur ?…

LA BAGUENAUDIÈRE.

Le futur ?… Mais… mais… il ne peut tarder.

UN VALET, annonçant.

Monsieur le marquis !

LA CAVERNE.

Mon Dieu ! je vais donc enfin savoir…

LA BAGUENAUDIÈRE, précipitamment, à la Caverne.

Baissez votre voile, baissez votre voile !


Scène VI.

Les Mêmes, LE MARQUIS, L’AUBÉPIN.
LE MARQUIS, entrant précipitamment, suivi de aubépin.

Ah ! enfin, c’est moi ! (A part.) On a reconnu mon innocence, et la Ressource m’a dit que, si je ne révélais rien ce qui s’est passé, on me rendrait ma fiancée, et que le baron ignorerait que je me suis fait comédien.