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MASCOUCHE EN 1910

en tout ce qu’il peut. Vous le prendrez pour un courtisan, mais sachez que c’est un homme de grande oraison et d’une vertu bien épurée. Sa maison, qu’il possède proche de la nôtre, est réglée comme une maison religieuse. Ses deux filles sont nos deux pensionnaires. Ce sont de jeunes demoiselles qui ont sucé avec le lait les vertus de leur bonne mère, qui est une des âmes les plus pures que j’ait connue. Je vous dis ceci, mon très cher fils, afin que vous honoriez M. de Repentigny, c’est ainsi qu’il se nomme, et pour vous faire voir qu’il y a de bonnes âmes au Canada. Il passe en France pour les affaires de la Colonie ».[1]

« Plus tard, l’intendant Talon, admirant la vertu de Madame de Repentigny dira : “que Salomon, dans toute sa gloire, l’eût louée et admirée, s’il l’eut vue toujours occupée du soin de sa maison, faisant elle-même ses étoffes et filant le lin.[2]

« L’épouse d’un si grand chrétien s’appelait Marie Favery.

« Dès leur arrivée au Canada, M. et Madame de Repentigny se distinguèrent par leur amour et leur charité envers les pauvres sauvages de Québec. Ils acceptaient volontiers l’invitation de tenir sur les fonts baptismaux, les petits sauvages, et c’était pour eux une douce et grande consolation, que de procurer à ces barbares, des moyens de salut, dont ils avaient besoin. »

« En 1636, nous voyons M. de Repentigny assistant au baptême d’un sauvage, appelé « Le Nasse » dont il fut le parain.

Le 8 mars de la même année, il voulut aussi rendre la même charité à un sauvage de 40 ans, qu’il appela Joseph. Nous regrettons de ne pouvoir mentionner plus longuement les faits que nous rapportent les relations de ce temps. Cependant, pour notre propre édification, voyons comment les colons savaient sanctifier les jours de la semaine sainte, particulièrement le jeudi saint.

« La Relation de 1640, qui nous décrit cette fête, nous dit : « Le jeudi-saint, comme c’est la coutume des Hôpitaux bien réglés de laver les pieds des pauvres, Monsieur notre gouverneur voulut se trouver à cette sainte cérémonie ; le matin, on dit la messe dans la salle des malades, où les religieuses et les sauvages malades communièrent, ensuite on rangea tous les hommes d’un côté, et les femmes et les filles de l’autre. Monsieur le gouverneur commença le premier, à laver les pieds des hommes. M. le Chevalier de l’Isle et les principaux de nos français suivirent de près ; les religieuses, avec Madame de la Peltrie, Mademoiselle de Repentigny et plusieurs autres lavèrent les pieds des femmes sauvages, avec une grande charité et modestie. Dieu sçait si ces

  1. Lettres de la Vén. M. Marie de l’Incarnation, par l’abbé Richandeau. Vol. I, p. 228.
  2. L’abbé Daniel. « Nos gloires nationales ». Vol. I, p. 163.