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TRÉSOR ÉPISTOLAIRE.

lettre en auroit gâté une autre que moi’. Je connois votre imagination vive et étonnante, et j’ai même eu besoin de me souvenir que Lucien^ a écrit à la louange de la Mouche, pour m’accoutumer à votre stile. Plût à Dieu que vous pussiez penser de moi ce que vous en dites ! je me passerois de toutes les nations’. Aussi est-ce à vous que la gloire en demeure. C’est un chef-d’œuvre que votre dernière lettre : elle a fait le sujet de toutes les conversations que l’on a eues dans ma chambre depuis un mois. Vous retournez à la jeunesse : vous faites bien de l’aimer. La philosophie sied bien avec les agréments de l’esprit. Ce n’est pas assez d’être sage, il faut plaire ; et je vois bien que vous plairez toujours, tant que vous penserez comme vous pensez. Peu de gens résistent aux années : je ci’ois ne m’en être pas encore laissé accabler. Je souhaiterois comme vous que Mme Mazarin eût regardé la vie en elle-même, sans songer à son visage, qui eût toujours été aimable, quand le bon sens auroit tenu la place de quelque éclat de moins. Mme Sandwich conservera la force de l’esprit, en perdant la jeunesse : au moins le pensé-je ainsi. Adieu, monsieur ; quand vous verrez Mme la comtesse de Sandwich, faites-la souvenir de moi : je serois très-fâchée d’en être oubliée.


avait plus d’esprit naturel que de culture littéraire, s’il faut en croire le chevalier de 3Iéré qui, dans le curieux livre intitulé : Les Conversations du maréchal de Clérambault (Paris, 1681), se donne envers lui le rôle d’un mentor. Il est vrai que l’insupportable fatuité de Méré rend son témoignage sur. ce point fort suspect. — I. Vo)’. plus haut, p. 288, la lettre de Saint-Evremond, à laquelle celle-ci répond. — 2. Le spirituel polvgraphe grec, né vers l’an 120, mort en l’an 200 de notre ère. — 3. Allusion à ua passage de la lettre de Saint-Evremond, à laquelle répond celleci. (Voy. p. 289.)