Page:Crépet - Le Trésor épistolaire de la France, 1re série, 1865.djvu/488

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
450
TRÉSOR ÉPISTOLAIRE.

loin ma vengeance ; j’aurois peine à trouver d’autres lieux où l’on pût vous venger de la sorte : vous y avez mis trop bon ordre pendant cette longue suite d’années où vous avez si dignement servi et moi et l’État.

A MADAME DE MAINTEISON

A Montargis^, ce dimanche au soir, à 6 heures et demie [4 novembre 1696].

Je suis arrivé icy ^ devant 5 heures. La princesse n’est venue qu’à près de six. Je l’ay esté recevoir au (Grosse ; elle m’a laissé parler le premier, et après, elle m’a fort bien respondu, mais avec un petit embarras qui vous auroit plu. Je l’ay menée dans sa chambre au travers de la foule, la faisant voir de temps en temps en approchant les flambeaux de son visage. Elle a soutenu cette marche et ses lumières avec grâce et modestie. Nous sommes enfin arrivés dans sa chambre, où il y avoit une foule et une chaleur qui faisoit crever^. Je l’ay monstrée de temps en temps à

I. Voy. sur Mme de Maintenon, même vol., la note i de la page 248. — 2. Louis XIV était allé au-devant de la princesse Marie-Adélaïde de Savoie, qui devait épouser, treize mois plus tard, son petit-fils, et devint si célèbre sous le nom de duchesse de Bourgogne. Née en i685, morte eu 1712. — C’est la prejnière fois, croyons-nous, que cette lettre, précieuse à tous égards, est exactement reproduite. Nous nous sommes scrupuleusement conformé à l’orthographe de l’original, qui appartient à la Bibliothèque du Louvre ; nous ne nous sommes permis d’y rien changer ; nous avons dû seulement suppléer la ponctuation, qui en est totalement absente. Pour s’expliquer les fréquentes incorrections d’orthographe et de grammaire qui contrastent avec une langue d’ailleurs accomplie, il n’est pas inutile de se rappeler que la première éducation de Louis XIV avait été fort négligée. — 3. Ce mot n’avait pas alors l’acception basse qu’il a prise depuis.