donnée première à l’antiquité soit latine, soit grecque, soit orientale. Les autres dérivent des traditions celtiques ou des légendes du Nord. Les autres, enfin, paraissent être nés sur le sol, s’être inspirés de souvenirs plus ou moins historiques, et représentent l’élément indigène et national. Cette distinction ne saurait impliquer, d’ailleurs, entre les productions rangées dans ces catégories, des caractères bien tranchés, des différences bien profondes. Le moyen âge donnait à toutes ses créations, quels que fussent les matériaux dont il s’était servi, son empreinte, sa physionomie et sa couleur. Qu’il traduise des poëmes de l’Inde ou de Rome, il ne trace jamais que le tableau de la société féodale et chevaleresque ; les héros de tous les âges, les patriarches de la Bible et les demi-dieux de la Grèce, il les revêt également de son costume, de ses armes et de ses mœurs. Et jamais peut-être il n’est si original ou du moins d’une originalité si frappante que dans ses imitations, précisément parce que nous pouvons alors comparer les types primitifs aux types si naïvement transformés par les trouvères. Les romans d’aventures se ressemblent donc tous, quelle que soit leur origine ; ils tracent tous le même idéal, ils révèlent les mêmes goûts et les mêmes tendances, ils sont tout entiers et uniquement du moyen âge. La distinction que nous établissons entre eux repose, par conséquent, moins sur des traits essentiels que sur des circonstances accessoires, telles que le rapprochement de la fable employée par les conteurs avec des fables existant dans les anciennes littératures, les moyens que le poëte met en œuvre, le théâtre où il place son action, la patrie qu’il donne à ses personnages. Mais cette distinction est utile et nécessaire pour mettre un certain ordre dans la longue énumération à laquelle nous serons obligé. Nous passerons premièrement en revue les contes qui se rapportent à la matière de Bretagne.
Parmi les nombreux poètes qui marchent au xiiie siècle sur les traces de Chrétien de Troyes un nom nous arrête d’abord, celui de Marie de France. Sa biographie est tout à fait incertaine, comme toutes les biographies des siècles où nous sommes. On sait seulement que Marie vivait et écrivait en Angleterre sous le règne de Henri III, et l’on présume qu’elle se nommait Marie de France parce qu’elle était née sur le continent. M. B. de Roquefort a édité un recueil des poésies de Marie