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FRANÇOIS VILLON


1431 — 1484



On a beaucoup reproché à Boileau ses fameux vers de l’Art poétique :

Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers,
Débrouiller l’art confus de nos vieux romanciers.

C’est, je crois, faute de l’avoir compris. Ceux qui l’ont défendu l’ont fait assez mal quand, pour justifier l’épithète de romanciers, ils lui ont attribué le sens beaucoup trop subtil d’auteurs de poèmes autrefois désignés sous le nom de romans, ou le sens d’écrivains en ancienne langue romane. Boileau, dont l’expression toujours claire ne dit jamais que ce qu’elle signifie du premier abord, ne songeait qu’à distinguer Villon des faiseurs des romans interminables, qui lui paraissaient constituer toute noire première littérature ; et, relativement à son propre temps, il avait raison.

C’est à peine si, depuis quarante années de travaux encore bien incomplets et de publications incessantes, nous commençons à connaître un peu la littérature française du moyen âge ; le xviie siècle n’en était pas là, et ce que Boileau pouvait savoir en gros là-dessus, ce dont il pouvait tenir compte, se réduit en réalité, d’un côté, au Roman de la Rose qu’il a connu au moins de réputation par les derniers éloges du XVI* siècle ; de l’autre, à ces rédactions en prose des chansons de geste qui expiraient dans la bibliothèque bleue. Qu’était-ce pour lui, sinon des romans au même titre que l’Astrée ou Polexandre, et le Grand-Cyrus ? Parce que nous savons mieux à quoi nous en tenir sur ces questions, son erreur n’est ni incompréhensible ni inexcusable ; mais ce qui est étonnant, et ce dont il faut au contraire faire honneur à son juge-