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POÉSIES DE LE MAIRE DE BELGES.



POÉSIE DE COUR


Les poPtes do Cour sont rares en cette période ; j’en ai indiqué la raison : la poésie bourgeoise l’emporte ; Louis XII admire et récompense les poètes bourgeois ; il s’en sert, au lieu d’adopter un autre genre et de l’imposer en le comblant uniquement de faveurs. Il faut se souvenir encore que le Roi, la Reine et la plupart des courtisans sont gens du passé, non de l’avenir. Les vrais poètes de Coursent les écrivains du siècle dernier, ceux qui sont morts ou ceux qui vont mourir : Georges Chastelain, Octavien de Saint-Gelais, les deux Greban, iMartial d’Auvergne, André de La Vigne, Jean d’Anton, monseigneur Crétin, « qui tout sçavoit, » comme dit Marot, et qui, selon Geoffroy Tory, « surpasse Homère, Virgile et Dante, par l’excellence de son style, » puis l’illustre Molinet « moulant fleurs et verdure, » enfin « le vertueux d’honneur, » Meschinot. Tous ces personnages, la génération de Louis XII en était fière ; ils enrichissaient, disait-on, la littérature française

En décorant nos arbres si très beaulx
De haults dictons et de riches rondeaulx.

Ils étaient les maîtres vénérés par les grands seigneurs comme par les écrivains, et c’étaient leurs rimes laborieuses que se renvoyaient les échos des châteaux royaux.


LE MAIRE DE BELGES


J’ai hésité longtemps à ranger parmi les poëtes du xvr siècle Le Maire de Belges, tant il est le respectueux disciple de cette école Savante du XV’siècle, et si docilement il se soumit aux lois des Crétin et des Molinet. Il avait reçu une riche organisation poétique ; je suis peut-être le premier à le dire, et jusqu’ici les rares historiens qui l’ont plutôt regardé qu’étudié n’ont signalé en lui que du pédantisme ; il est à mes yeux pourtant le père de Ronsard, plus que Dorât et plus que Pindare. Il était né avec un talent puissant, une individualité prononcée ; mais il subit à un tel point l’influence de son éducation poétique, que tout son talent se borna à orner de broderies nouvelles une