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Page:Crépet - Les Poëtes français, t1, 1861.djvu/602

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SEIZIÈME SIÈCLE.



ANJOU


CHARLES DE BORDIGNÉ


La poésie qui n’avait pas recompensé Collerye, et qui avait endormi Rabelais, devait être peu favorable aux pensées joyeuses. Voici un homme de race mordante, un Angevin, Charles de Bordigné, le représentant bourgeois du Conte à cette époque, qui porte la peine du voisinage de Crétin et de Bouchot. On ne trouve dans sa Légende de Pierre Faifeu, aucune gaieté, nulle verve. Par une invention grotesque il est parvenu à encadrer de poésie allégorique ce récit des grossières aventures d’un farceur de province ; mais le récit lui-même, écrit en style languissant et plat, psalmodie des histoires de cabaret de façon à faire paraître presque guilleret l’Amoureux Transy sans Espoir, du bonhomme Bouchot. Il devait en être ainsi de la partie de cette littérature qui ne se laissait pas tomber résolument dans la grossièreté populaire, dans la verve leste et hardie de la moyenne Bourgeoisie. Pousser le Conte dans le style à la mode, c’était inévitablement lui enlever ce que les jongleurs et les conteurs du xv « siècle avaient su lui donner de naïveté, de naturel, de finesse goguenarde et réjouissante.





BEAUCE


LAURENT DES MOULINS


Laurent des Moulins est un prêtre chartrain ; c’est, je l’avoue, tout ce que je sais sur lui. Son poëme, le Catholicon des Malavisez ou le Cymetière des Malheureux, ne m’a point paru sans mérite. La conception en est claire et énergique. Le poëte s’est égaré la nuit dans une lande ; il y aperçoit une église, il vient se réfugier sous le porche et s’y endort. Cette église est la Chapelle des Douleurs, le terrain qui l’entoure est le Cymetière des Malheureux. Ils se lèvent tous, malheureux et vicieux,