Le trait le plus saillant de la période du xvi* siècle que nous étudions, c’est l’incertitude avec ses conséquences logiques dans tous les sens : le contraste entre les divers personnages, et surtout la contradiction dans la même personne. Il devait en être ainsi dans une époque de transition oi tout le passé était en voie de destruction sans que rien fût encore solidement réédifié, oii les intelligences étaient actives sans un point d’appui stable. Les souvenirs et les aspirations se mêlaient confusément dans la même âme. Ainsi, dans l’art, les anciennes lois qui régissaient l’union de la tradition et de l’individualité sont non abolies, mais violemment ébranlées ; les nouvelles méthodes sont entrevues, non pas conçues ; une nouvelle tradition est non encore établie, mais désirée. L’imagination, pour peindre le même objet, a en elle deux couleurs différentes dont elle n’a pu former le mélange, et le poëte marche hardiment en avant sans autre richesse souvent qu’un tronçon de la vieille chaîne brisée. J’ai insisté là-dessus à diverses reprises, car je crois qu’on n’expliquera bien ce cycle qu’en se pénétrant des contrastes de cette période composite et des contradictions de ces intelligences hybrides.
- En plaçant ici Marguerite, nous avons, on le voit, négligé de suivre Tordre
chronologique ; mais elle est le personnage le plus important de cette période littéraire, et nous parlons d’elle après avoir parlé des autres parce que nous avons cru trouver en elle le poëte qui résume le mieux soit le travail intellectuel, soit le trouble moral de l’école de François Ier.