Page:Crépet - Les Poëtes français, t2, 1861.djvu/468

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BOISROBERT


1592 — 1662



Dans un petit ouvrage de circonstance, imprimé en 1 660, à l’Image Saint-Louis, chez Jean Ribou, sous le titre de la Pompe funèbre de M. Scarron, on suppose que l’auteur du Roman comique, tout près de mourir, est invité comme un conquérant à désigner son successeur. Auprès de son lit, un député de la noblesse spirituelle et galante, un député des libraires, un député des comédiens, assistés d’un tabellion silencieux, attendent respectueusement les dernières volontés du moribond. Qui va-t-il choisir parmi tant de concurrents affamés d’argent et de gloire ?

Les trois députés sont admis à proposer des candidats. Le député des comédiens parle le premier : « Puisque vous désirez, monsieur, de faire un testament, veuillez de grâce élire un successeur qui nous puisse faire autant gagner par ses pièces de théâtre que vous avez fait par les vôtres. » Le libraire ajoute qu’il le conjure, par les mêmes raisons, d’accorder un successeur à ses vœux et à ceux de ses confrères. Le jeune seigneur dit ensuite qu’il est urgent pour Scarron de prendre un parti, car les plus galants de la ville ne sauraient plus sans cela où aller se divertir les jours qu’ils auraient été maltraités de leurs maîtresses, ou qu’ils se sentiraient plus chagrins qu’à l’ordinaire.

— Prenez l’auteur des Rivales, prenez monsieur Quinault, dit le député des comédiens.

— Véritablement, répond le libraire, monsieur Quinault a de l’esprit, et il a trouvé l’art de réussir au théâtre ; mais il n’a pas encore trouvé celui de réussir au Palais.

Et il propose l’auteur de Dom Bertrand, de l’Amour à la mode, de Jodelet prince, monsieur Corneille le jeune.

— Point du tout, réplique le premier, ses pièces coûtent trop cher aux comédiens.