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TRISTAN


1601 — 1655



Tristan était fort bon gentilhomme, du moins le disait-il, et pour faire voir l’ancienneté de sa maison, il s’efforçait de prouver qu’il descendait du bourreau de Louis XI, Tristan l’Hermite. Pourvu qu’elle remontât bien haut, toute origine, on le voit, était bonne en ce tempslà. Gaston d’Orléans le garda longtemps attaché à sa personne ; il fut de l’Académie française, oià il succéda, en 4643, à M. de Colomby ; il composa sept tragédies : Marianne, qui eut la gloire de tuer Mondory et d’être refaite par Voltaire, après avoir été corrigée par J.-B. Rousseau ; Panthée, la Mort de Sénèque, la Mort de Crispe, la Mort du grand Osman, que son élève Quinault fit jouer et publier après sa mort ; et enfin la Folie du sage. Il fit encore une comédie en cinq actes, le Parasite, qui ne parut aussi qu’après sa mort, grâce à Quinault ; il accommoda pour le théâtre, avec le titre nouveau d’Amarillis, la Célimène de Rotrou ; il écrivit un gros volume de lettres ; il fut, pour une bonne part, dans le roman de la Coromène, histoire orientale ; il rima trois volumes de poésies : les Amours, la Lyre, les Vers héroïques ; travaillant pour l’autel et pour le théâtre, mais moins heureux que Pellegrin, ne vivant ni de l’un ni de l’autre, il écrivit, en même temps que ses tragédies : YOffice de la Vierge en français ; que vous dirai-je ? il fit de tout, même sa propre notice, dans un roman auto-biographique intitulé le Page disgracié, et il n’en est pas plus connu pour cela.

Ce Page disgracié, c’est Tristan, comme on l’apprend par les notes mises à la fin de la première et de la seconde partie, et qui semblent être du frère de l’auteur, Jean-Baptiste l’Hermite, sieur de Vauzelle, plus infatié de noblesse que Tristan lui-même, ce qui ne l’avait pourtant pas empêché, comme on le verra, d’être comédien.