Page:Crépet - Les Poëtes français, t3, 1861.djvu/449

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LÉONARD


1744 — 1793



Ronsrrd et les siens, famille de docte culture, et surtout Vauquclin de La Fresnaye, son enthousiaste disciple, sont bien réellement, en France, les initiateurs de la poésie idyllique. De leurs nombreux essais procèdent, en se modifiant selon le goût des époques qui suivent, les tentatives qui, dans ce genre, se sont produites avec quelque bonheur. Tout doucement enfin, sans trop d’éclat, mais, en faveur de Segrais, le célèbre berger de la grande Mademoiselle, justement admise aux honneurs du tabouret dans la cour olympienne de Y Art poétique, l’idylle arrive, avec ses guirlandes un peu fanées, aux contemporains do madame de Pompadour. On sait comment et dans quelles eaux elle rafraîchit alors sa couronne et son bouquet de rosière. Descendue des monts d’Helvétie, elle prend ite une autre allure que celle qu’elle avait aux champs académiques. Son costume s’ajuste à la convenanco des modes du temps. Son langage et ses idées sont tombées de la convention dans l’afféterie ; tous les motifs de sentimentalité subtile ou fade l’attirent et lui complaisent ; parfois encore elle veut so rappeler ou le mode antique, ou son interprétation par les illustres précurseurs ; mais on sent vite qu’au fond la tradition est tout à fait perdue.

Bien que son nom reste voilé dans le demi-jour d’une réputation incertaine, Léonard n’en est pas moins le plus estimable représentant de la poésie pastorale à cette époque, si peu faite, en apparence, pour la sentir et la traiter avec une lueur de franchise. Né à la Guadeloupe, en 1744, Nicolas-Germain Léonard était arrivé en France encore enfant. Tout jeune, et dès la première fleur des dix-huit ans, il so sentit poète, et son premier essai obtint le suffrage d’une honnête académie de province, qui le couronna et le consacra un peu à huis clos. Ce