C’est dans cette vue que lesdits Seigneurs Ducs de la Trémoille ont envoyé aux congreè ou assemblées tenues a Munster, à Nimègue, Riswick, à Utrecht et a Bade, des Procureurs chargés de leurs pleins-pouvoirs, pour faire connaître leur droit aux Ambassadeurs et Plénipotentiaires qui composaient ces assemblées, et en particulier aux Ambassadeurs et Plénipotentiaires des Princes médiateurs, lorsqu’il y en avait.
Ce droit ne pouvait être contesté, parce que les Ducs de la Trémoille descendent en ligne directe de Charlotte d’Aragon, Princesse de Tarente et Comtesse de Laval, laquelle était fille de Frédéric d’Aragon, roi de Naples, et la seule des enfans de ce prince qui ait laissé postérité ; et comme le Royaume de Naples appartenait de droit à ladite Princesse Charlotte, ce droit a passé sans difficulté à ses descendans.
Ferdinand, Roi d’Aragon, qui n’avait aucun droit sur ce Royaume, en avait dépouillé le Roi Frédéric par les moyens et ses artifices dont toutes les histoires font mention ; et tant lui que ses successeurs, Rois d’Espagne, se sont maintenus par la force dans la possession de ce Royaume, sans avoir égard à la justice ni au droit des descendans de Charlotte d’Aragon.
C’est ce que les auteurs et prédécesseurs dudit Seigneur et Prince Duc de la Trémoille, mineur, ont très-souvent représenté aux assemblées plénipotentiaires qui ont traité de la paix entre la plupart des Princes et Souverains de l’Europe et ils l’ont fait avec la permission et le consentement des Rois Très-Chrétiens leurs souverains Seigneurs : mais comme ils n’ont jamais eu de réponse satisfaisante, ils n’ont pu faire autre chose que