avait des cornes au front. Ces deux cornes de la femme n’étaient pas plus longues que le doigt, comme celles des génisses ; elles n’étaient pas acérées, et même il y en avait une plus courte que l’autre et qui paraissait avoir été cassée, rompue, brisée violemment. Quoi qu’il en fût, cette vilaine personne allait tout de suite attiser le feu sans avoir l’air de s’occuper d’autre chose ; il paraît que c’était son unique emploi dans le cauchemar, et c’est pourquoi la Comtesse avait tout le temps de la regarder. Il se trouvait dans la chambre et principalement autour de son lit, une légion d’horribles figures qui se transformaient silencieusement en choses informes, et qui se reproduisaient sous une autre image en changeant continuellement d’apparence et de dimension ; mais ce qui la tourmentait le plus, c’était cette malheureuse toux qu’elle entendait hors de la chambre et dont elle avait déjà si souvent et et si tristement expérimenté l’inconvénient pour elle.
Le héros de ce drame nocturne était un petit monstre d’enfant qui avait la coqueluche, qui toussait comme un diable enrhumé qu’il était, et qu’on finissait par amener dans cette chambre à pas comptés, avec des airs de grande importance et des précautions infinies. Il était conduit par un diable de médecin qui ressemblait de visage à Mme de Beauharnois, la douairière, et son escorte était composée d’une foule de démons qui lui faisaient des caresses, et des tendresses à n’en pas finir. Parmi tous ces farfadets de l’escorte, il n’y avait pas de ces figures monstrueuses comme celles qui tapissaient le fond de-