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SOUVENIRS

indigne !), il fut décidé que la défense du Roi serait confiée à l’honorable M. de Sèze, assisté de MM. de Malesherbes et Tronchet. Ce pauvre Malesherbes, qui nous avait tant fait de mal ! Quand son vieux père avait dit au Roi : « Je supplie votre Majesté de ne confier jamais aucune grande place à mon fils qui ne saurait la bien servir… » Il ne prévoyait guère le genre de service et le dernier service que son fils serait appelé à rendre au Roi de France[1] !

Un grand nombre de personnes, au nombre desquelles il est juste de mentionner MM. de Gazâtes, de Bouillé, de Lally-tollendal, de Narbonne, Malouet, Bertrand de Molleville, de Grave et Mesnil-Durand, eurent le courage d’élever la voix en faveur de Louis XVI et de se proposer pour le défendre ; mais il parut à la même époque une lettre de l’Abbé de Talleyrand qu’il avait eu l’infamie d’écrire de Londres à la Convention nationale, et dans laquelle il se défendait courageusement d’avoir eu l’intention d’être utile à celui qu’on venait de mettre en accusation. Je me souviens qu’il y reprochait au Roi, notamment, d’avoir eu des inquiétudes de conscience aux approches de Pâques, à propos du culte cathotique, de ce culte que la nation avait bien voulu payer, uniquement parce qu’il tenait à la croyance du plus grand nombre et nullement parce qu’il aurait été plus divin qu’aucune autre religion.

L’Assemblée nationale avait détruit la royauté,

  1. Voyez, à l’appui de cette observation, l’ouvrage intitulé Particularités sur les ministres des finances, par le Baron de Monthyon. Londres, 1812. (Note de l’Éditeur).