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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/125

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

gieuse avait eu la faiblesse de prêter serment à la constitution civile du clergé, en vertu de laquelle on l’avait dépossédée de son Abbaye (qui lui rapportait soixante mille écus de rente) ; mais le Duc d’Orléans l’avait fait circonvenir par de telles manœuvres, qu’il était impossible de la blâmer. Imaginez qu’il avait fait intercepter toutes les lettres qu’on lui adressait à Fontevrauld et qu’il avait fait contrefaire un bref du Pape, à dessein de la tromper mieux. MM. de Loménie et de Talleyrand s’étaient promis un beau résultat de ce scandale, attendu l’importance et la richesse de la congrégation de Fontevrauld enfin le Cardinal de Loménie avait fait le voyage de Touraine uniquement pour y séduire et tromper cette innocente fille. Isolée, déçue, obsédée comme elle l’avait été par ces trois hommes de fraude, il n’est pas étonnant qu’elle eut ignoré la vérité sur le serment qu’ils avaient voulu lui faire prêter ; aussi, M. de Penthièvre et moi n’avons jamais eu le courage de lui reprocher cette malheureuse illusion dont elle a gémi pendant sept ans. Mme de Fontevrauld m’envoya deux jours après sa rétractation que je fis parvenir à l’Abbé de Dampierre. Vous verrez dans la copie que j’en ai gardée comme elle est humblement édifiante, et vous devez penser que ce fut une grande consolation pour nous. Voici le moment de vous parler d’une honnête personne à qui sa conscience ne disait pas grand chose.

Charlotte de Corday était une jeune fille de condition qui avait toujours eu la tête ardente, et qui s’était détraqué la cervelle en lisant l’histoire Grecque et Romaine. Après avoir lu quelques numéros