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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/140

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SOUVENIRS

Indépendamment des tribunaux révolutionnaires en permanence, la Convention avait établi une armée révolutionnaire ambulante, qui parcourait tous les départemens en y traînant une artillerie formidable avec la guillotine entourée par une légion de bourreaux enrégimentés.

« Puisque notre vertu, notre modération, nos idées philosophiques, ne nous ont servi de rien, agissons comme des brigands ! » s’était écrié le représentant Thuriot ; « que les comités révotutionnaires en arrêtant un homme suspect ou une femme suspecte, n’aient pas besoin d’expliquer leurs motifs ! sentons notre dignité, point de demi-mesure ! l’homme qui combat à la face du monde pour une révolution qui a pour but la liberté, l’égalité, l’humanité, le bonheur du monde, veut que rien ne lui résiste ! Il faut que cette révolution déifie tous les Français, il faut qu’on lise dans l’histoire avec tendresse les noms de tous ceux qui auront soutenu ce vote énrgique, etc. »

C’était Merlin (de Douai) qui était l’auteur de cette fameuse loi des suspects adoptée par le comité de législation, présidé par Cambacérès, et tout ce que je vous dirai de cette loi, c’est qu’elle ordonnait

    demain matin brunies, hâlées et roussies comme de la friture ! Il parait que cinq à six heures de nuit suffisent à cette opération morbide. On dirait un apologue à l’usage des plantes parasites et des rejetons verreux…


    On se demande si c’est une allégorie politique, un symbole d’exécution nationale ? (Note de l’Éditeur)