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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/157

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

et toute croyance. En révolution, disait Danton, l’autorité doit appartenir aux scélérats : voilà quels étaient le principe et la devise de cet affreux temps où j’ai eu le malheur de vivre, et que j’ai eu le bonheur de traverser sans désespoir et sans faiblesse ; in Altissimo spes mea.

Comme il était arrivé plusieurs fois que le peuple avait témoigné de la compassion pour les condamnés, et comme on avait crié grâce en voyant passer et monter sur l’échafaud, d’une part le vieux Chevalier d’Oilly, qui était presque centenaire, et puis le petit de Sainte-Amaranthe qui n’était âgé que de quinze ans, mais qui ne paraissait pas en avoir plus de douze ou treize, on transféra la guillotine à la place de la Bastille, ensuite on la fit reculer jusque auprès de la barrière du Trône, et nous eûmes l’inquiétude de voir recommencer les massacres dans les prisons. (Nous savions, à n’en pouvoir douter, que cette méthode expéditive avait été l’objet de plusieurs motions au conseil de la Commune.)

Un gentihomme de Xaintonge, appelé M. de Mey, qui avait trouvé moyen d’échapper aux exécutions de Bicêtre, et qu’on avait incarcéré sur nouveaux frais dans notre prison, nous apprit d’épouvantables choses, et ce fut notamment qu’au château de Bicêtre dont il sortait, le massacre avait duré consécutivement pendant trois jours et deux nuits. Il paraît que les fusils, les massues, les sabres et les piques de la commune ne pouvant suffire à la férocité des meurtriers, on avait eu recours à des pierriers chargés à mitraille, et qu’on s’en servit contre une foule de prisonniers qui s’étaient déterminés à