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SOUVENIRS

ainsi que vous allez voir. On vint mettre en réquisition tous les anciens carrosses qui se trouvaient en séquestre sous nos remises ; je n’ai pas besoin de vous dire qu’il n’a jamais été question de restituer toutes ces voitures à des aristocrates ; je ne m’en étonne et ne m’en afflige pas beaucoup, mais parmi toutes les combinaisons de salut public ou de sûreté générale enfantées par M. Gasparin, il faut convenir que celle de remplir nos carrosses de parade avec des chiens morts était le plus étrangement révotutionnaire.

On m’avait requis et confisqué deux belles voitures, et j’ai su par Dupont que c’étaient cinq à six grands carrosses de Bellevue (de Mesdames, tantes du Roi,) qui figuraient en chefs de file à ce beau cortège, avec des têtes de caniches ou des croupes et des queues de matins qui passaient par chaque portière. Qu’il avait de malice et d’esprit, ce Gasparin !

Si vous pouviez lire aujourd’hui tout ce que le Père-Duchesne et les autres journaux du parti de la Commune avaient imprimé d’attendrissant sur la rigueur et la cruauté d’une pareille exécution contre d’intéressans animaux qui ont toujours été l’emblème de l’affection la plus désintéressée pour les humains, comme aussi de la fidélité la plus constante, vous diriez que c’était bien à propos de la part des septembriseurs, et surtout relativement à des bêtes endiablées, qui mangeaient le monde !

Pendant que nous en sommes aux ridiculités, je vous dirai de Mme de Valentinois, qu’elle avait tant fait que d’obtenir la permission de sortir avec une