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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

élevé un monument qui dira ces mots : Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n’est plus ! »

Il se trouva deux jacobins, députés de la Convention, ou plutôt députés de l’enfer, qui furent exécuter ce mandat révolutionnaire avec une férocité méthodique et raisonnée, dont on ne trouverait aucun exemple dans l’histoire d’aucun autre peuple. Ils écrivaient à leurs confrères des comités de sûreté générale et de salut public, que depuis leur arrivée sur les ruines de Commune affranchie, la terreur s’y trouvait à l’ordre du jour. — Nous avons dépouillé le crime, disaient-ils, de ses vétemens et de son or. Nous remplissons notre devoir avec une sévérité stoïque et une impartiale rigueur, et c’est sous les voûtes de la nature que la commission rend justice, comme le ciel la rendrait lui-même. Nous sommes en défiance contre les larmes du repentir, rien ne peut désarmer notre sévérité. Les orgueilleux édifices de la place Bellecourt sont déjà tombés, il n’en reste plus vestige, mais les démolitions sont trop lentes, il faut des moyens plus rapides à la vengeance républicaine. L’explosion de la mine et l’activité des flammes doivent seules exprimer la toute-puissance du peuple, et sa volonté doit avoir les effets du tonnerre. Nous célébrons aussi des fêtes civiques, mais c’est en immolant à la justice du peuple, sans ménagement et sans exception tous les ennemis de la liberté.

Collot d’Herbois et Fouché convenaient pourtant que cette sorte de fêtes pouvait présenter, au premier coup d’œil, une image funèbre, telle que celle du malheur ou du néant ; mais, reprenaient-ils avec une