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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/182

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SOUVENIRS

révolution. C’est vous dire assez que je dois me prononcer pour la peine de mort ; vous savez d’ailleurs que si je votais différemment, le côté de la montagne en abuserait pour calomnier mes intentions patriotiques ; ce sera, n’en doutez pas, une preuve de mon dévouement pour ma famille et pour mes amis ; mais à quoi me servira de leur donner ce témoignage de ma bonne volonté, s’ils m’abandonnent, s’ils viennent faire échouer tout ce que la mort de Louis XVI aurait de favorable pour nous, et s’i ls viennent prononcer pour lui, contre moi ?

St-Fargeau lui répondit qu’il avait fait le serment de ne jamais condamner personne a mort ; il ajouta que ses amis étaient effrayés des conséquences d’une condamnation dont on pourrait contester la légalité constitutionnelle, et Philippe d’Orléans le laissa pérorer tant qu’il voulut.

— Mais, reprit-il ensuite, on est venu m’imposer une autre condition que je viens d’accepter, et celle-ci consiste à marier tous mes enfans dans la classe des citoyens français. Je l’ai promis à Danton, et comme je puis choisir librement, je vous demande, écoutez-moi bien, je vous demande la main de Mlle de St Fargeau pour le Duc de Chartres. Le mariage pourra se faire immédiatement après la mort du Roi ; il est question de faire asseoir votre fille sur les degrés du trône de France, en attendant qu’elle y parvienne ; je n’ai pas besoin de vous dire ce que je vous conseille de faire ; vos amis pourront compter sur ma reconnaissance et se reposer sur mon zèle à les servir. Je ne vous dis que cela ! décidez-vous.