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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

vement qu’il eût jamais eu des rapports intimes ou suivis avec l’exécrable Péthion, le traître Dumourier, ni l’infâme Mirabeau ; voilà déjà comme on parlait officiellement de ces trois choryphées de la révolution française ; mais toutes ses protestations de jacobinisme ne purent décider les montagnards à prendre garde aux pétitions, aux réclamations pressantes, aux supplications réitérées qu’il ne manqua pas de leur adresser journellement, et l’ordre fut donné de le ramener à Paris pour être écroué dans la conciergerie du Palais, qu’on avait surnommée l’antichambre de la guillotine. Il comparut devant le tribunal révolutionnaire avec un faux air de sécurité, et quand on a publié son interrogatoire, on a remarqué qu’il avait eu la lâcheté de chercher à se défendre au détriment de tout le monde, et notamment aux dépens de Mme  de Genlis, qu’il accusa d’avoir perverti sa fille (Adèle Égalité) ; comme aussi de s’être associée avec Péthion dans un intérêt liberticide.

— Convenez-vous, lui disait-on, que la Sillery est une scélérate adroite et perfide qui a fini par émigrer ?

— Il est vrai que la femme Sillery, répondait-il avec un mélange de bassesse et de niaiseries nompareilles, il est vrai que la femme Sillery n’était pas digne de ma confiance, mais je l’ignorais absolument.

Il entendit proférer son arrêt de mort sans aucune altération de visage, et voilà qui tenait peut-être à la rougeur de sa carnation, car il n’avait pas figure humaine, ainsi que je vous l’ai déjà dit. Il n’avait pas de cœur humain non plus, mais écoutez ce qui