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SOUVENIRS

Oui, me répondit-il, que Dieu me pardonne comme je pardonne moi-même. J’ai mérité la mort pour l’expiation de mes péchés ; j’ai contribué à la mort d’un innocent, mais il était trop bon pour ne me point pardonner, et Dieu nous rejoindra tous deux avec saint Louis.

Je ne peux assez exprimer combien j’étais édifié de sa résignation, de ses gémissemens, de ses désirs surnaturels de tout souffrir dans ce monde et dans l’autre pour l’expiation de ses péchés, desquels il me demanda, une seconde et dernière absolution au pied de l’échafaud. Voilà, M. l’Abbé Sicard, de quoi vous pouvez, en toute sûreté, assurer cette pieuse épouse, pour la tranquilliser à cet égard[1] »

Signé, LOTHRINGER,
Prêtre catholique.

J’ai vu M. Lothringer et plusieurs fois. C’est un Germain des anciens temps, un bon prêtre, un homme simple dans sa foi, simple dans ses œuvres, et je ne saurais suspecter aucune partie de son récit d’infidélité. À dessein d’inspirer plus de confiance à Mme  la Duchesse d’Orléans, j’avais désiré qu’avant

  1. Il paraît que M. l’abbé Sicard avait donné copie de cette à l’oncle de M. l’Évêque du Mans, feu M. l’abbé Caron, et ceci peut expliquer comment la même lettre se trouve imprimée dans les Annales Catholiques (tom. IV, pag. 41). (Note de l’Éditeur)