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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

que nous demandons, c’est que les contre-révolutionnaires soient condamnés avec décence. Nous ne pouvons pas garder en prison trois cent mille personnes, et je demande le prompt jugement de toutes celles qui sont incarcérées en vertu de la loi contre les suspects !

Parmi les griefs articulés pour obtenir la condamnation du président du tribunal révolutionnaire, il n’était fait aucune mention d’avoir fait égorger quatre mille personnes innocentes et tout ce qu’on reprochait à ce fameux Dumas, c’était d’avoir calomnié le patriotisme du vertueux Collot-d’Herbois et du sage Tallien. Dans toutes les inculpations proférées contre Roberspierre, il n’était question d’aucun autre méfait que d’avoir voulu faire proscrire certains représentans du peuple, et du reste, Fouquier-Tinville était encore accusateur public, et la guillotine était encore en permanence à la barrière du Trône, à la fin d’août 1794, c’est-à-dire un mois après le 9 thermidor ; ainsi jugez si le troisième décadi de ce mois républicain (bon jour, bonne Œuvre !) notre méchant récollet ne se trouvait pas encore en position de me faire conduire à l’échafaud.

Il se trouva donc que le nonidi 29 thermidor notre geôlier s’était absenté pour une course d’affaires, ce qui nous causait toujours des transes mortelles, attendu que tout le régime intérieur de la maison se trouvait alors soumis au citoyen Dasny qui profitait de l’absence du [illisible] D. T… pour nous tyranniser. Cet homme vint m’ordonner de descendre pour être conduite au tribunal révolutionnaire,