intéressante et studieuse qui l’accompagnait à leurs audiences, après avoir rédigé ses placets. Voilà sans doute un singulier reproche à faire à des vieillards et surtout à des magistrats ; « mais les trésors de la réflexion s’amassaient insensiblement dans une tête rêveuse, » et Mlle Flipon décida bientôt que toutes les institutions modernes étaient des absurdités intolérables.
Un autre événement qui fournit douze ou quinze pages à ses Mémoires, est d’avoir accepté l’invitation d’un dîner chez M. Haudry, fermier-général, pour y manger à l’office, en s’étonnant de s’y trouver avec les camarades de son oncle, ancien domestique de la maison. C’est une déconvenue dont les Rois, la noblesse et les financiers sont devenus responsables : Mme Roland cherche à s’en venger sur l’ancien gouvernement, sur le Marquis du Chilleau, sur la famille de M. Haudry, qu’elle poursuit infatigablement jusqu’à la troisième génération, et la contrariété qu’elle endure imprime à son arrogance un caractère de fureur et de philosophie tellement risible qu’on est véritablement réjoui de la mortification qu’elle éprouvait en se le rappelant.
« Lorsque suffisamment nourrie de l’histoire avec le sérieux d’un esprit solide et conséquent, » Mlle Flipon eut envisagé, 1° l’étendue du Monde ; 2° la succession des siècles ; 3° la marche des empires ; ensuite les vertus publiques, et puis les erreurs populaires avec les phases des institutions sociales, elle se dit : examinons.
Après avoir examiné toutes choses de ce monde Mme Roland fui persuadée qu’Helvétius avait peint