enfant ; je porte dans mon cœur le vœu qui est exprimé sur cet anneau ; je ne puis le démentir en faisant ce que vous me proposez ; vous me mépriseriez, j’en suis sûre, si j’y consentais, et je veux mériter votre estime ; ainsi je m’y refuse. Faites comme vous voudrez, dirent quelques-uns, et je mis l’anneau dans ma poche.
« Quelques gens d’aussi mauvaise mine que ceux qui m’entouraient arrivent alors de l’autre bout de la cour, pour me demander de venir au secours d’une femme qui se trouvait mal ; j’allai et je vis une jeune et jolie personne absolument évanouie ; ceux qui la secouraient avaient essayé en vain de la faire revenir ; elle paraissait étouffer : pour la mettre plus à l’aise, ils avaient détaché sa robe, et lorsque j’arrivai, l’un d’eux se disposait à couper son lacet avec le bout de son sabre ; je frémis pour elle d’un tel secours, et demandai qu’on me laissât le soin de la délacer. Pendant que h’y travaillais, un des spectateurs aperçut à son cou un médaillon dans lequel était un portrait qu’il ne pensa pas pouvoir être autre que celui du Roi ou de la Reine ; et s’approchant de moi, il me dit bien bas : Cachez ceci dans votre poche ; si on le trouvait sur elle, cela pourrait lui nuire. Je ne pus m’empêcher de rire de la sensibilité de cet homme, qui l’engageait à me demander si vivement de prendre sur moi une chose qu’il jugeait si dangereuse à porter, et je m’étonnais chaque moment davantage de ce mélange de pitié et de férocité que montraient ceux qui m’entouraient. Cette femme, qui étaient celle