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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/99

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

lorsqu’il était venu stationner sur la place avec sa voiture, il ne savait rien des massacres et qu’a cent cinquante pas des portes de la prison, le gros du peuple ne s’y doutait de rien.

Nous recevions tous les huit jours une copie du bulletin que l’association faisait rédiger pour envoyer à Monsieur, lequel était devenu Lieutenant-général du Royaume. Nous avons presque ne toujours été bien informés de ce qui se passait au Temple, et je vous dirai que la majeure partie des contributions royalistes aboutissaient à deux municipaux, qui nous ont quelquefois servi d’intermédiaire auprès de la famille royale, et qui, le reste du temps, nous ont donné de ses nouvelles avec fidélité. Je pourrais vous nommer un autre membre du conseil de la Commune dont la conduite honorable était bien autrement méritoire, car n’avait consenti à faire partie de ce conseil, dont il avait les principes en abomination que par obéissance et pour essayer d’y rendre qnelque service à la famille royale. C’était un homme du peuple, un pauvre père de famille à qui nous n’avons jamais pu faire accepter aucune rétribution. Je pense bien que le Roi songeait à lui, quand il a parlé dans son testament de centaines persomnes dont if avait, reçu des marques d’attachement et d’intérêt gratuit, qu’il ne pouvait nommer sans les compromettre, et qu’il recommandait spécialement à la reconnaissance de son fils… Dans les circonstances où nous nous trouvons encore aujourd’hui, j’imiterai la prudente réserve de Sa Majesté. Ce digne homme est resté dans Paris ; il habite une maison dont il est propriétaire au faubourg Saint-Jacques ;