Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/133

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J’ai trouvé dans les Lettres Éditantes que l’Impératrice douairière de la Chine (en 1642) avait choisi pour emblème une touffe de pâquerettes, ou petites marguerites, dans un beau vase de porcelaine ; et je pense bien que c’était du vert-céladon-craquelé de noir avec des reliefs or et blanc ; mais le bon missionnaire n’en parle pas. Ce qui vaut beaucoup mieux, c’est qu’il nous donne la traduction des quatre lettres chinoises qui font l’âme de cette devise, et je ne saurais assez m’étonner que ces quatre lettres puissent dire autant de choses. Née sous le sabot du rustre, destinée à la gueule de l’âne, l’amour m’a trouvée digne d’un temple, et j’habite un palais.

Je n’omettrai pas de vous parler de ce musicien Farinelli, favori modeste, à qui le Roi des Espagnes avait imposé l’obligation d’accepter un titre de Castille, et qui choisit celui de Marquis d’Ensenada, (rien en soi). Les armoiries qu’il s’était composées et qui peuvent passer pour une Devise étaient des Cercles autour d’un Centre, et Minimus Intimus (Le plus proche est le moindre.) Je trouve qu’il y a dans cette humilité d’un homme aussi puissant quelque chose de si vertueusement noble que j’en ai les larmes aux yeux.

La Duchesse d’Orléans (mère de Philippe Égalité) s’était mis en tête que je devrais lui trouver une Devise. Comment répondis-je à M. de Penthièvre, avez-vous eu la témérité de vous charger de cette commission-là ? Je ne connais pas un seul emblème que je voulusse désigner… Attendez donc pourtant,… une cruche de grès ! dites-moi