Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/147

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gant, ma bonne mère, ajouta-t-il avec un air de solitude exquise ; ensuite il appliqua fortement ses lèvres sur le bout de mes pauvres doigts centenaires et décrépits qui se trouvaient à découvert.

Il m’accorda la restitution de nos bois avec une grâce parfaite, et puis il me parla de la belle et noble conduite du Duc de Créquy-Lesdiguières à Rome, en ajoutant que la France avait eu grand tort de souffrir la destruction de cette pyramide qui témoignait et verbalisait les réparations que la cour de Rome avait faites à cet Ambassadeur.

Hélas ! que me fait aujourd’hui ce beau nom de Créquy que je porterai la dernière, et qu’on écrira bientôt pour la dernière fois dans un sale registre, à côté des noms de tout le monde, et peut-être sur une même page avec celui de Merlin ou de Gasparin ?

Buonaparté ne savait pas, ou peut-être ne se rappela-t-il point que, sur le monument dont il regrettait la demolition, les Corses se trouvaient qualifiés de nation toujours infâme, odieuse aux peuples et désormais indigne de servir les rois.

Je ne pouvais non plus m’expliquer pourquoi il m’avait appelée Madame la Maréchale. Mais lorsque j’ai su qu’il disait toujours Monsieur l’Amiral à ce pauvre La Galissonnière, qui n’avait jamais navigué que de Calais à Douvres, j’ai pensé qu’il avait apparemment envie de se faire illusion sur la date, l’origine et la nature de son autorité consulaire !

En parallèle avec cette entrevue forcée, je vous recommande la lecture d’un manuscrit que j’ai fait placer au commencement de mon appendice. C’est