Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/150

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chie ce prélat, ce préféré, cet homme part dans la civilisation française !

C’est un missionnaire du Pontife universel ; c’est un Évêque institué pas un concordat inévitable entre ces trois républicains qui s’appellent Consuls, et le successeur du Pape saint Léon qui fut au-devant d’Attila.

Éternelle juridiction romaine, admirable institution de l’Église de Dieu ! On nous avait annoncé que la barque de Saint-Pierre allait disparaître et s’engloutir dans l’abîme des flots soulevés par les philosophes de France, et voilà que la révolution française n’a pu la faire submerger ! Lois du pays, droit du prince et droit des gens, propriétés, monumens nationaux, coutumes civiles, appellations populaires, tout a disparu, tout a croulé sous nos pieds, tout a changé sous nos yeux, excepté la succession de l’Épiscopat. Voyez en France et regardez autour de vous dans nos anciennes villes : y voyez-vous dans les choses et les personnes, y voyez-vous un seul établissement qui puisse intéresser le voyageur ? Y trouvez-vous encore un magistrat avec qui l’on puisse entrer en relation d’estime ? Un militaire, un homme du gouvernement qui puisse rendre la sujétion légère, en imposant un sentiment de confiance et de considération générale ? Eh mon Dieu, non ! vous n’y retrouvez que la haute basilique, où vous verrez siéger ce personnage en autorité, qui dit nos très cher frères en parlant au peuple, et qui trône sous un dais, malgré la constitution de l’an viii : et pourtant c’est un Français du XIXe siècle, un sujet de notre gouvernement républicain, cet homme qu’on encense