Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


N° II
DÉCLARATION
de trois Dames de Saint-Cyr,
Relativement à l’origine de la musique et des paroles
du god save the king.



Nous soussignées, anciennes religieuses professes de la maison royale de Saint Cyr, diocèse de Chartres, étant priées d’attester, pour rendre hommage à la vérité et dans une intention qui n’a rien de prophane ou frivole, ce que nous pouvons savoir touchant un ancien motet qui passe aujourd’hui pour un air anglois, et pensant que la charité ne sauroit en êtr blessée, nous déclarons que cette musique est absolument la même que celle que nous avons entendue dans notre communauté, où elle s’étoit conservée de tradition, depuis le temps du Roy Louis le Grand, notre auguste fondateur, et que ladite musique avoit été composée, nous a-t-on dit dès notre jeunesse, par le fameux Baptiste Lully, qui avoit fait encore plusieurs autres motets à l’usage de notre maison, et entre autres un Ave maria Stella d’une si grande beauté que toutes les personnes qui l’entendoient chanter disoient qu’elles n’avoient rien ouï de comparable. Pour ce qui est du premier motet, nous avons entendu raconter à nos anciennes que toutes les Demoiselles pensionnaires le chantoient en chœur et à l’unisson toutes les fois et au moment où le Roy Louis le Grand entroit dans la chapelle de Saint Cyr, et l’une de nous l’a encore entendu chanter à grand chœur lorsque le Roy Louis le Martyr, seizième du nom, vint visiter cette Maison royale avec la Reine, son épouse, en l’année 1779 ; et ce fut sur l’avis de M. le Président d’Ormesson, directeur du temporel de Saint Cyr, qu’il avait été décidé que Sa Majesté seroit saluée par cette invocation, suivan l’ancien usage, de sorte qu’il n’y a presque aucune de nous qui