Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/59

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qui m’attend (je crois demain matin) ; j’en méritais peut-être un meilleur… N’ayant plus de ressources, j’en vins à une capitulation pour sauver tout ce qui ne pouvait s’échapper, et le cri général de l’armée m’a répondu que tout ce qui était émigré serait prisonnier de guerre et épargné comme tel. N’ayant pas voulu me comprendre dans ma capitulation, j’en suis seul excepté ; moi seul, je dois périr et je mourrai comme j’ai vécu, j’espère.

« Je vous somme au nom de l’honneur de publier cette lettre.


Sombreuil, »

Voilà, mon ami, dans quels rapports de bienveillance et de confiance étaient nos émigrés avec le gouvvernement anglais ; mais tout ce qui se passait en Allemagne à l’égard du Roi notre maître était plus déplorable encore. La cour de Vienne ne voulait considérer cette noble armée de Condé, où l’on voyait des officiers supérieurs et même des généraux français servir en qualité de simples soldats, que comme un corps de troupes à la solde de l’Autriche, et sur qui les généraux autrichiens devaient exercer une souveraine autorité. Si S. M. les allait passer en revue, les commandans Viennois défendaient qu’on tirât les canons et même que l’on osât battre aux champs en defilant devant le Roi de France. On lui fit pressentir que l’Empereur exigerait bientôt qu’il eut à s’éloigner de l’armée française et M. de Thugut alla jusqu’à dire au Comte de Saint--