Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/102

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Constance le regarda avec surprise, ne comprenant pas ce qu’il voulait dire.

« Certainement que j’en ai envie, répondit-elle, rapportez-le-moi, quand il sera imprimé.

— Imprimé !… s’écria George d’un ton dédaigneux. Croyez-vous donc que quelqu’un voudrait le publier ? Pensez-vous que je voudrais même l’offrir ?

— Vous ne parlez pas sérieusement ? dit la jeune fille en ouvrant de grands yeux.

— Je parle très sérieusement. Croyez-vous qu’on puisse bâcler un bon roman en trois à quatre semaines, mais il faut au moins six mois pour écrire un livre !

— Comment appelez-vous donc ceci ? demanda Constance se calmant tout à coup et lui prenant le manuscrit des mains.

— Ça ! c’est un barbouillage indigne d’être publié. »

Constance ne pouvait en croire ses oreilles. Elle ne savait pas si elle devait se fâcher de ce dédain persistant pour son opinion, ou être effrayée de l’éventualité qu’il pût avoir raison.

« Nous ne pouvons avoir raison tous les deux, dit-elle enfin avec une soudaine*énergie. L’un de nous doit se tromper… et… j’aime mieux croire que ce n’est pas moi ! »

George se mit à rire et essaya de reprendre le manuscrit, mais elle le mit derrière son dos et le regarda en face.

« Qu’allez-vous en faire ? demanda-t-il quand il vit qu’elle était résolue à le garder.

— Je ne vous le dirai pas. Vous l’avez écrit pour moi, n’est-ce pas ?

— Oui, mais pour vous seule.

— Pas du tout. C’est ma propriété et j’en ferai l’usage que je voudrai.