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George s’était d’abord dit que si son premier roman courait réellement le risque d’être publié, il s’opposerait de tout son pouvoir à ce ridicule. À présent, il n’éprouvait plus la même crainte, MM. Rob Roy et Cie étaient de grands éditeurs très sérieux, dont le nom seul était pour un livre une véritable chance de succès, et George savait très bien qu’ils ne publieraient pas une chose sans valeur. Mais il ne s’enorgueillissait pas de cette nouvelle, quelque surprenante qu’elle pût être. Il était étrange, certes, qu’une maison d’un si bon jugement eût accepté son roman ; mais elle avait dû se tromper pour cette fois. En tout cas, il se ferait envoyer les épreuves et, avec de nombreuses corrections, tâcherait de rendre l’ouvrage présentable.

Sa réponse à la dépêche de Constance fut courte.

« Déplorable catastrophe. Plains public. Remercie éditeurs. « Accepte conditions. Où sont les épreuves ? G. W. »

Revenu à New-York pour corriger ses épreuves, il ouvrit le paquet de l’imprimeur et se mit à lire son roman avec un intérêt palpitant, il ne fit aucune correction ce jour-là. Le lendemain seulement, il fut en état de le parcourir avec calme.

George s’éveilla un matin pour se trouver sinon un homme célèbre, du moins le sujet de conversation du jour. Une semaine ne s’était pas écoulée que les journaux étaient remplis de comptes rendus de son livre, tous plus élogieux les uns que les autres.

Personne ne semblait s’apercevoir que George Winton Wood, le romancier, pouvait être le même homme que G. W. Wood, le signataire de tant de modestes articles dans les revues.