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Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/125

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dans un coin quelconque de la chambre de sûreté. Rien de ce qui était enfermé entre ces quatre murs ne pouvait se perdre. Ce plan était le seul moyen qu’elle eût d’éviter de commettre un crime et de se dispenser d’avouer à son mari sa coupable faiblesse.

Elle plia le papier et chercha des yeux un endroit où elle pourrait le cacher. Pendant qu’elle regardait, elle crut entendre le pas de John Pond. Elle n’avait pas de temps à perdre. Le laisser sur une des planches eût été insensé, car on pouvait l’y trouver à tout instant. Elle ne voyait ni fente ni trou dans lequel elle pût le glisser, et John Bond arrivait. Dans son désespoir, Totty fourra le papier dans le corsage de sa robe, ferma bruyamment son coffre, et sortit.

Elle se figura que John Bond la regardait très curieusement, quoique cette impression pût bien n’être que le résultat de ses craintes. Surpris en effet de son extrême pâleur, il fut sur le point de lui demander si elle était malade, mais il pensa qu’elle avait pu prendre froid dans cette chambre glaciale et ne dit mot.

Le papier semblait la brûler et il lui tardait d’être rentrée chez elle, où elle pourrait au moins le mettre sous clef jusqu’à ce qu’elle eût pris une prudente décision à son égard. Elle s’appuya contre le fond de sa voiture en proie à une terreur folle. Qu’arriverait-il si par hasard John Bond faisait la découverte ? Il avait certainement connaissance de l’existence du testament, l’avait très probablement vu, et savait où il se trouvait placé. Il était étrange qu’elle n’eût pas pensé à cela. Si, par exemple, il arrivait qu’il eût besoin de regarder certains papiers de son frère, ce jour-là, ne s’apercevrait-il pas de la disparition et ne la soupçon-