Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/150

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nouvelle qui était loin d’être à leur avantage. Totty désirait d’abord que George sût qu’elle était au courant de sa position, afin de pouvoir jouer le rôle de consolatrice et de mériter ainsi de la reconnaissance. Elle ne pouvait le questionner directement et devait paraître avoir appris l’histoire par d’autres ; il était donc indispensable, pour arriver à ses fins, que les détails de i’affaire tombassent dans le domaine public. Ensuite, et ici l’instinct diplomatique de Totty se manifestait dans toute sa force, elle était décidée à s’arranger de façon que toute reprise de relations entre Constance et George fût désormais impossible. Dans vingt-quatre heures au plus tard, il fallait que Constance et Grâce apprissent que leur secret courait la ville. Comme naturellement elles n’en auraient parlé à personne, elles croiraient à une trahison de George dans sa colère et seraient furieuses contre lui. Si, ce qui était peu probable, une explication avait lieu, aucune des deux parties ne voudrait croire l’autre ; la querelle ne ferait que s’envenimer et la brèche s’élargir. Bien entendu, Totty prendrait le parti de George et, avec elle, la majorité de ses connaissances, il devait lui être reconnaissant d’un appui aussi amical dans un tel moment d’épreuve.

Les choses tournèrent à peu près comme l’avait prévu Mme Sherrington Trimm. Il y eut, il est vrai, une légère variante du programme, qu’elle ignora dans le moment, mais en eût-elle été informée qu’elle n’y aurait pas attaché d’importance. Il se trouva que Constance et Grâce Fearing ainsi que George Wood avaient été invités à dîner chez, un jeune ménage de retour depuis peu de son voyage de noce en Europe. Les invitations avaient été envoyées et acceptées le dernier jour d’avril,