Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/202

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nait pas pourquoi elle attachait tant d’intérêt à ce qu’il considérait alors comme une phrase banale, quelle que fût l’importance qu’il y avait attachée dans la fureur de sa mémorable entrevue avec elle.

« Mademoiselle… » commença-t-il.

Il savait à peine pourquoi il l’appelait ainsi, à moins que ce fût parce.qu’il allait faire une déclaration catégorique. Cependant, ces syllabes n’étaient pas plus tôt sorties de sa bouche qu’il se repentait déjà de les avoir prononcées. Il vit une ombre de souffrance passer sur le visage de la jeune fille, et en même temps cela lui sembla un moyen puéril d’indiquer la distance qui les séparait désormais.

« Constance, reprit-il après une seconde d’hésitation, nous ne parlons pas la même langue. Vous me demandez de pardonner. Mais quoi ? Si quelque chose a besoin d’un pardon, je l’accorde très volontiers. J’étais très en colère, par conséquent je n’étais plus moi-même le jour où j’ai refusé de vous entendre. À présent, je suis de sang-froid. Ce que j’éprouve est très différent. Je ne vous en veux pas, je ne vous souhaite pas de mal. »

Constance garda le silence et détourna la tête. Ce qu’il lui offrait n’était pas ce qu’elle désirait.

« Puisque nous en sommes venus à ces explications, reprit George, je vais essayer de vous dire ce que j’éprouve. Je vous ai appelée Mademoiselle tout à l’heure. Savez-vous pourquoi ? Parce que cela me paraît plus naturel. Vous n’êtes pas la même personne que vous étiez autrefois, et quand je vous appelle Constance, je me figure appeler quelqu’un qui n’est plus, en prononçant le nom de votre ancien vous-même, de la Constance que j’ai aimée, et qui m’aimait… un peu.