Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/220

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gueur à le tirer dans le canot lui avaient réellement sauvé la vie. Sans elle, les quatre hommes, qui avaient agi avec tant de célérité pourtant, eussent été impuissants à relever complètement le cutter. Le docteur, du reste, n’avait pas manqué de faire des compliments à Mamie qui en avait rougi de joie.

La jeune fille finit donc par être persuadée que, sans son aide, il aurait succombé et elle l’aimait dix fois plus passionnément depuis lors. Quant à George, il se sentait attaché à sa cousine par un nouveau lien. Avant c’était de l’amitié qu’il avait pour elle, à présent tout son être était plein de gratitude et ses relations avec Constance Fearing commencèrent à prendre l’apparence d’une infidélité envers Mamie. Il ne se demandait pas s’il éprouverait jamais pour sa cousine ce qu’il avait éprouvé si fortement pour Constance ; mais, pensa-t-il, si les deux jeunes filles s’étaient noyées sous ses yeux, qu’il n’eût été possible que d’en sauver une, au secours de laquelle se serait-il porté ? Il n’y avait pas d’hésitation, Mamie aurait vécu, et Constance aurait pu mourir, quoique la pensée de sa mort lui traversât le cœur d’une vive douleur ; oui, Mamie la première, eût-il dû cent fois risquer sa vie pour sauver l’autre ensuite. Était-il donc amoureux des deux ? C’était là une impossibilité, une création de roman née de son imagination maladive.

Depuis, cependant, il était devenu très prudent et très réservé. Il jouait avec le feu des deux côtés. Car, il n’en doutait plus à présent, Mamie l’aimait de tout son cœur, et, en réfléchissant à la conduite de Constance, il ne pouvait arriver à l’expliquer par sa seule théorie de l’amitié. Il ne lui restait donc qu’un parti à prendre : s’éloigner.