Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 235 —

— Ce n’est pas si différent, répliqua-t-elle. Et en tout cas, en disant « je vous aime, » on n’a pas besoin d’ajouter « je ne vous aime pas de la même manière que j’en ai aimé une autre. » Cela va de soi. Ah ! non. Il n’y a pas d’amour semblable au premier… non, il n’y en a pas ! »

Totty soupira profondément, comme si le souvenir d’une affection depuis longtemps enterrée lui était toujours douce et pénible.

« Et, pourtant, on aime, continua-t-elle d’un air un peu moins enjoué. On aime encore, souvent plus sincèrement que la première fois. Cela vaut mieux ainsi… l’affection des dernières années est plus complète, plus solide, plus durable que l’autre. Et c’est de l’amour, dans la meilleur acception du mot… croyez-moi. »

Si dans sa voix il y avait eu la moindre fausse note, George l’aurait surprise. Mais ce que Totty essayait de faire, elle le faisait bien, avec une appréciation consommée des détails et de leur valeur qui eût trompé un homme plus perspicace que lui. Et puis, en ce moment, il se trouvait en proie à un grand doute. Il était assez fortement attiré par Mamie pour que le poids le plus léger fit pencher la balance. Sans le souvenir de Constance, il l’eût aimée depuis longtemps d’un amour dans lequel il fût entré plus de vraie passion et moins d’illusion. Mamie, sous beaucoup de rapports, lui semblait un être plus réel que Constance qui, maintenant, lui paraissait plus idéale.

Et puis, pendant ces longs mois d’été n’avait-il pas incontestablement agi de façon à faire croire qu’il aimait Mamie ? Totty et, naturellement, la pauvre Mamie elle-même avaient dû donner une interprétation particulière à ses moindres paroles et à ses moindres gestes. Pour employer le langa-