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que qu’il commença de se lancer dans les spéculations aventureuses. En même temps, il se liait étroitement avec un cousin de sa femme, un certain Thomas Craik, qui, par l’ascendant de son audace et par la supériorité de son expérience, arriva bientôt à le dominer.

Sur ses conseils, Wood s’intéressa pour une grosse somme dans l’établissement d’une nouvelle ligne de chemin de fer, inventée tout exprès pour faire concurrence à une ancienne compagnie qu’on jugeait incapable de soutenir la campagne. Or le résultat fut tout autre que celui qu’on attendait : la guerre de tarifs qui s’engagea ne fit qu’appauvrir la vieille compagnie tandis qu’elle ruinait la nouvelle. Celle-ci fut mise en faillite et ses titres vendus à vil prix.

C’était probablement ce qu’avait calculé Thomas Craik, car il se hâta d’acheter, sous main et pour son compte personnel, toutes ces actions et obligations discréditées, — y compris celles du pauvre Jonah Wood, — et fit annoncer l’intention de continuer l’exploitation de la ligne, qui désormais ne lui coûterait presque rien, puisqu’il n’était plus tenu de servir les intérêts du capital.

L’ancienne compagnie sentit la menace et s’exécuta, en rachetant fort cher cette seconde ligne dont tous les fondateurs demeuraient ruinés.

Jonah Wood laissa toute sa fortune dans cette catastrophe — et même quelque chose de sa réputation. Beaucoup de personnes en effet se refusèrent à croire qu’il fût totalement étranger au piège organisé par son parent et supposèrent qu’il simulait la pauvreté en attendant l’apaisement du scandale. En réalité il avait sacrifié à peu près tout ce qu’il possédait, dans la liquidation de sa banque et ne conservait, à cinquante-sept ans, que