Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 43 —

sation pouvait être aussi agréable. Il sentait qu’il levait la tête plus haut que vie coutume, que son regard était plus commue, et sa marche plus facile, mais il ne rapportait directement aucun de ces phénomènes à sa visite à Washington Square. Peut-être une vague idée flottait-elle dans son cerveau que s’il admettait la relation il serait forcé de se traiter d’imbécile et que par conséquent il était beaucoup plus sage de jouir de l’état dans lequel il se trouvait, sans s’enquérir trop minutieusement de ses causes immédiates ou éloignées.

Il est probable aussi que si cet état de satisfaction générale eût résulté plus clairement du souvenir de la jeune fille qu’il venait de quitter, il eût éprouvé le désir de lui plaire en faisant ce qu’elle voulait : en d’autres termes, il serait rentré chez lui ou serait passé chez Totty pour prendre des nouvelles, au lieu de mettre à exécution son dessein de sonner à la porte de M.  Craik.

Mais, avec son esprit de contradiction très développé, il y avait à aller s’informer en personne de la santé de M.  Craik un grain d’ironie cruelle qui rendait cette idée irrésistiblement attrayante.

George Wood n’aurait pu être que flatté s’il avait su quel était le sujet des pensées de Constance Fearing pendant la plus grande partie de l’heure qui suivit son départ, et il eût été très surpris surtout s’il avait deviné que l’esprit de la jeune fille était troublé par le souvenir de sa propre conduite à elle.

Elle regrettait beaucoup de s’être laissée aller à critiquer la conduite de George et d’avoir exprimé son opinion sur lui. C’était la première fois qu’elle faisait semblable chose et s’étonnait de sa propre hardiesse. Elle répétait que ce n’était pas du tout son affaire de s’occuper de ce que faisait