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auprès de Constance. Et la conversation entre les deux sœurs, à ce sujet, avait parfois dégénéré presque en querelle. Mais l’insistance de Grâce était loin de remplir le but qu’elle se proposait. Dans la nature, en apparence, douce de Constance, il y avait un élément d’opposition qui s’éveilla bientôt. Les deux billets avaient été écrits après des conversations au cours desquelles Grâce avait été particulièrement injuste envers George. Constance s’était figurée qu’elle devait à celui-ci une réparation pour les mauvais traitements de sa sœur et de là venait en partie cette saveur de bienveillance que George avait remarquée dans ses lettres.

Les deux sœurs restèrent par bonheur rarement seules pendant la fin de l’été et les occasions de n’être pas d’accord ne furent pas nombreuses. Elles n’avaient pas en réalité autant d’affection l’une pour l’autre qu’elles paraissaient en avoir. Leurs natures étaient trop dissemblables et la différence n’était pas de celles par lesquelles chaque caractère semble suppléer à ce qui manque à l’autre. Au contraire, les points par lesquels elles différaient étaient précisément ceux qui froissaient le plus les sentiments de l’autre. Elles ne s’étaient encore jamais querellées sérieusement ; mais en réalité elles étaient très loin de vivre en bonne harmonie.

Les craintes qu’avait George de baisser dans l’opinion de Constance sous l’influence de Grâce étaient donc sans fondement.

Aussitôt qu’elle fut de retour à New-York en automne, Constance fit venir George, et pendant cette première entrevue elle fut surprise de voir combien la comparaison avec les hommes qu’elle avait rencontrés pendant l’été lui était favorable.