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je ne veux rien promettre, alors que mon amour peut se changer encore en amitié la semaine prochaine… ou l’année prochaine… M’avez-vous comprise ?

— Je comprends vos paroles, ma chérie, mais non votre cœur. Je vous remercie.

— Non. Ne me remerciez pas. Allons, continuons à marcher, lentement. Savez-vous bien qu’il en a été de même pour vous, quoique vous ne vouliez pas l’admettre ? Vous ne m’aimiez pas il y a un an, comme vous m’aimez à présent, n’est-ce pas ?

— Non. C’était impossible. Je vous aime de plus en plus tous les jours, toutes les semaines, tous les mois.

— Il y a un an, il vous eût été parfaitement possible de m’oublier et d’aimer une autre femme. Vous ne me regardiez pas comme vous me regardez maintenant. Votre voix n’avait pas le même accent.

— C’est vrai… j’ai changé. Je le sens.

— Oui, et c’est parce que j’ai remarqué que vous changiez d’une manière que j’ai peur de changer de l’autre. »

George fut très surpris et en même temps très heureux de tout ce qu’elle lui avait dit. Soupçonnant la vérité, il n’eût pas été suffisant pour lui de l’entendre dire « je vous aime » du ton calme et réservé dont elle s’était servi ; mais, d’un autre côté, dans son aveu il y avait quelque chose d’infiniment loyal qui le remplissait d’espoir et de plaisir. Si une femme aussi sincère aimait une fois de tout son cœur, elle aimerait plus longtemps, mieux, et plus fidèlement que toute autre femme. C’est, du moins, ce que pensait George Wood, en marchant près d’elle sous les arbres de