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Elle pensait que George écrirait mieux s’il écrivait très vite, et elle désirait le presser le plus possible.

« Mais cela peut prendre beaucoup de temps, objecta-t-il.

— Non, répondit-elle. Vous aurez pitié de moi par cette chaleur.

— Je ferai de mon mieux, » dit George.

Il tint parole, et trois semaines après, aux premières heures du jour, il écrivait dans sa chambre la dernière page de son premier roman, il rassembla ses idées et relut la page attentivement jusqu’au bout pour voir s’il n’y fallait pas ajouter quelque chose. Non… il n’y manquait rien, et un seul mot de plus eût gâté le dénouement.

« Je ne sais pas comment cela s’est fait, se dit-il. Mais c’est la fin, il n’y a pas à en douter. Voilà ! George… Winton… Wood… 29 mai. »

Il repoussa le feuillet loin de lui.

Ce roman composé en vingt-quatre jours, pour plaire à Constance, l’avait satisfaite jusque-là ; aimerait-elle les trois derniers chapitres ? Évidemment oui. Il lui porterait le manuscrit complet et lui en ferait cadeau. Il ne pouvait être bon qu’à cela. Il ne fallait pas songer à publier une pareille extravagance, quand bien même il se trouverait un libraire disposé à faire cette folie. En somme, il aurait préféré jeter le tout au feu. Mais puisque cela faisait plaisir à Constance, elle l’aurait, à condition qu’elle ne le montrerait jamais à personne.

Là-dessus George se mit au lit et dormit profondément jusqu’à dix heures du matin ; il rassembla alors son manuscrit, l’attacha en un petit paquet bien propre, et partit pour aller retrouver Constance au lieu de leurs rendez-vous accoutu-